Les effets du café sur votre cerveau – LMB #3

Et si vous préférez le texte :

Le café… certainement notre drogue préférée, avec plus de 2 milliards de tasses consommées chaque jour dans le monde.

Bien qu’il y ait plus de 1000 composés dans le café, un seul d’entre eux, la caféine, est en grande partie responsable des effets stimulants du café. On a de la chance d’ailleurs que la caféine ait ces effets sur nous, parce que dans la nature, c’est un insecticide : les plantes la produisent pour paralyser ou tuer des insectes. Dans le cerveau humain, ses effets sont plus subtils. Il faut savoir que quand vous vous sentez fatigués, c’est parce que votre cerveau a sécrété une molécule qui s’appelle l’adénosine et qui est venue se fixer sur des récepteurs, entraînant tout un tas de changements physiologiques. Il se trouve que la caféine a presque la même structure que l’adénosine et peut donc venir lui piquer sa place sur ces récepteurs sans pour autant déclencher les effets habituels. C’est à ce moment que vous ressentez un petit coup de boost. Ce n’est qu’après plusieurs heures, quand la caféine commence à se faire éliminer, que vous ressentez la fatigue.

On a souvent peur des effets néfastes du café sur la santé, mais tant que vous consommez moins de 300 mg de caféine par jour, c’est à dire l’équivalent d’1 à 2 gros mugs ou 4 à 5 expressos, il ne devrait y avoir aucun problème. Au contraire, le café apporte plein de bonnes choses : une meilleure concentration, moins de risques de maladies cardiovasculaires et de diabète, et même des performances sportives améliorées… Si vous forcez un peu la dose vous pouvez ressentir des maux de tête ou de l’anxiété, mais il sera difficile de vous suicider au café : il faudrait pour ça ingérer 7 à 10 g de caféine pure, ce qui correspond à… 50 à 200 tasses de café.

Pour finir, voilà trois faits peu connus pour vous la péter autour de la machine à café :

1/ premièrement, la caféine et la théine sont une seule et même chose : il n’y a absolument aucune différence entre ces deux molécules. Elles ont des noms différents simplement parce qu’on les a découvertes séparément et qu’on a mis du temps à prouver qu’il s’agissait de la même molécule.

2/ deuxièmement, le temps nécessaire pour éliminer la caféine est extrêmement variable d’un individu à l’autre. Prenez par exemple ce couple : Rodrigo, 90 kilos, fumeur, et Gabriela, 60 kilos, qui prend la pilule. Tous les deux ont commandé le même expresso, mais Rodrigo aura déjà éliminé la moitié de la caféine de son corps au bout de trois heures, tandis que Gabriela mettra plus de dix heures pour en arriver au même niveau. Pourquoi ? Parce que Rodrigo est plus gros et qu’il fume, deux facteurs qui accélèrent l’élimination de la caféine (ce qui peut expliquer au passage pourquoi les gros fumeurs sont aussi souvent des gros consommateurs de café). Au contraire, prendre la pilule multiplie par deux le temps nécessaire pour éliminer la caféine.

3/ Troisièmement, un des cafés les plus bizarres au monde est le Kopi Luwak, vendu à plusieurs centaines d’euros le kilo en Indonésie. Pourquoi ce prix si élevé ? Parce qu’il a été mangé et défèqué par la civette asiatique, un petit animal qui mange les grains de café sans les broyer complètement, ce qui fait qu’on peut les récupérer facilement dans ses crottes pour s’en faire un bon petit café… évidemment la première chose qui vient à l’esprit. Apparemment, le fait que les grains aient été soumis à l’action d’enzymes digestives donne au café un goût remarquable. À tester pour vos prochaines vacances en Indonésie !

Sources (beaucoup de sources sont à accès payant mais si vous en voulez vraiment une envoyez-moi un email à contact_at_lamainbaladeuse.com , je vous la transmettrai ) :

 

Crédits son :

musique : https://www.jamendo.com/track/582985/rita-s-tune

La science de la procrastination (à regarder seulement si vous avez mieux à faire) – LMB #2

Et si vous préférez le texte :

Vous avez un rapport à rendre pour dans 5 jours, mais au lieu de vous mettre à bosser, vous rafraîchissez votre page Facebook pour la 10e fois en 5 minutes, vous regardez les 2000 photos d’une personne que vous n’avez pas vu depuis 10 ans, vous allez vous servir un verre de coca, vous décidez que ça serait bien de nettoyer le frigo au passage, et pourquoi pas la cuisine tant qu’on y est, mais bien sûr il faut aller racheter des sacs poubelles avant, etc, etc. Et la situation dure jusqu’au dernier moment, où vous entrez finalement dans un mode panique et vous mettez à bosser non-stop pendant des heures pour pondre votre rapport. À trois heures du mat, vous terminez crevé·e et avec un rapport bâclé, mais au moins vous avez quelque chose à rendre.

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Bref, vous procrastinez. La procrastination consiste à remettre toujours à plus tard une tâche même lorsque l’on sait pertinemment que ça ne pourra qu’agraver la situation. Tout le monde procrastine plus ou moins, mais 15 à 20% des gens procrastinent de façon régulière et le vivent assez mal. Vous faites votre déclaration d’impôts à l’arrache au dernier moment ? Vous risquez des pénalités pour avoir fait des erreurs. Vous remettez à plus tard une visite chez le médecin ? Ça a des conséquences directes sur votre santé. Vous annulez au dernier moment une soirée chez vos potes parce que vous avez un rapport à finir ? Ça affecte vos relations sociales. Mais surtout, le procrastinateur régulier se sent très mal dans sa peau : il rate beaucoup de choses qu’il entreprend dans son vie et passe son temps à faire des choses qui ne sont pas utiles mais pas vraiment amusantes non plus parce qu’il culpabilise de ne pas faire les choses utiles !

À la base, procrastiner peut sembler utile. Il s’agit d’éviter de faire des choses désagréables et de cueillir le jour. Et dans la nature, beaucoup de situations justifient de prendre les plaisirs tout de suite lorsqu’on ne sait pas de quoi sera fait le futur.

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Mais est-ce encore vrai dans nos sociétés modernes ? En plus, on est aujourd’hui inondés de stimuli plaisants. Facebook par exemple est un vrai paradis de la procrastination : non seulement c’est rempli de choses amusantes qui vous envoient une décharge de dopamine dans le cerveau à chaque connexion, créant une forme d’addiction, mais en plus vous pouvez n’y passer que quelques secondes (en théorie bien sûr) et donc justifier d’un “rapide” coup d’oeil à Facebook avant de vous mettre à bosser.

Les scientifiques étudiant les procrastinateurs ont montré que les gens qui ont le plus de chances de procrastiner sont les gens les plus impulsifs, parce qu’ils ont moins de contrôle d’eux. Les gens anxieux aussi, parce qu’ils ont peur de rater ce qu’ils ont à faire ou au contraire… peur de trop bien réussir et donc peur que les autres placent des attentes trop élevées en eux. Les gens indécis qui se posent trop de questions ont aussi plus de chances de procrastiner. Des scientifiques ont même tenté d’élaborer une formule qui permet de prédire la probabilité de ne pas procrastiner sur une tâche, et ils sont arrivés à ça :

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ce qui veut dire en langage normal que plus vous êtes bon pour réussir une tâche, et plus vous y accordez de la valeur, et plus la deadline est proche, moins vous aurez de chances de procrastiner.

Bon si vous regardez cette vidéo, il y a des chances que vous soyez en train de procrastiner. Je ne peux pas imaginer que vous n’ayez rien de mieux à faire que de regarder une main faire des dessins moches sur Youtube. Voilà donc quelques conseils scientifiques pour moins procrastiner :

1/ tout d’abord, lancez-vous ! Par exemple, dites-vous qu’aujourd’hui, vous allez juste écrire le titre de votre rapport et choisir la police, et c’est tout ! Même si ça n’est rien, ça lance la dynamique et vous allez même peut-être au final en faire plus que ce que vous aviez prévu.
2/ ensuite, transformez le flou en liste d’étapes bien précises. Ne dites pas : je vais me mettre à la musique, dites aujourd’hui à 16h je vais télécharger les partitions de Justin Bieber.
3/ Vous pouvez aussi rendre les deadlines moins lointaines artificiellement. Par exemple, des études ont montré que mettre une deadline au 30 avril plutôt qu’au 1er mai donnait l’impression que la deadline était beaucoup plus proche. Colorier tous les jours jusqu’à la deadline sur votre calendrier marche aussi en liant dans votre esprit le jour présent et la deadline.

Enfin, vous pouvez essayer de tourner la procrastination à votre avantage en faisant ce que l’on appelle de la procrastination structurée. Faites une liste des choses que vous avez à faire, classées par ordre d’importance. Puis mettez tout en haut une chose qui vous semble importante mais ne l’est pas vraiment (c’est se mentir à soi-même, mais si vous êtes un vrai procrastinateur vous êtes bon pour ça de toute façon).

Et c’est tout ce que vous avez à faire ! Le procrastinateur qui sommeille en vous devrait se mettre à effectuer les tâches qu’il croit être moins importantes pour ne pas faire la tâche tout en haut, vous rendant extrêmement productif.

Sources (beaucoup de sources sont à accès payant mais si vous en voulez vraiment une envoyez-moi un email à contact_at_lamainbaladeuse.com , je vous la transmettrai ) :

Une review :

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17201571

Un article un peu plus grand public :

http://www.nature.com/scientificamericanmind/journal/v19/n6/full/scientificamericanmind1208-26.html

Excellent témoignage sur un excellent site :

Why Procrastinators Procrastinate

Un blog entièrement consacré à la procrastination par un chercheur renommé :

https://www.psychologytoday.com/blog/dont-delay

Sur la procrastination structurée :

http://www.structuredprocrastination.com

Sur rendre le futur moins loin :

http://pss.sagepub.com/content/26/6/816
http://jcr.oxfordjournals.org/content/41/3/810

Origines évolutionnaires :

http://pss.sagepub.com/content/25/6/1178

Crédits son :

musique : https://www.jamendo.com/track/582985/rita-s-tune

panic : http://www.freesound.org/people/JohnsonBrandEditing/sounds/173942/
bear : http://www.freesound.org/people/mrbubble110/sounds/70333/
clap : http://www.freesound.org/people/mikaelfernstrom/sounds/68698/

Combien de temps pourriez-vous rester sans dormir ? – LMB #1

Et si vous préférez le texte :

Au cours de votre vie, vous passerez près de 25 années à dormir. C’est 25 années passées allongé·e, les yeux fermés, à rien foutre. Quel gâchis n’est-ce pas, quand vous pourriez utiliser tout ce temps pour faire des choses bien plus utiles. Ça vous a peut-être déjà traversé l’esprit d’essayer d’écourter vos nuits, ces “petites tranches de mort” comme les a appelées quelqu’un dont j’ai oublié le nom ? Mais pourquoi ne pas aller plus loin et ne plus dormir du tout ? Combien de nuits blanches pourriez-vous encaisser avant de vous écrouler comme une merde, et quelles seraient les conséquences pour votre santé ? Pas besoin de faire l’expérience, d’autres ont déjà essayé pour vous.

Les études scientifiques le montrent : dès la première nuit blanche, vos performances cognitives sont diminuées. Ça ne vous étonnera pas d’apprendre que votre mémoire de travail devient moins bonne. C’est la mémoire qui vous permet par exemple de retenir la commande de dix bouteilles de champagne pour vos potes au resto. Votre mémoire à long terme, celle qui vous permet de retenir qu’il ne faudra plus inviter vos potes au resto, est aussi affectée, tout comme la prise de décision, le raisonnement logique et l’attention. Moins connu, on devient aussi beaucoup plus sensible aux bonnes et aux mauvaises nouvelles : on réagit plus aux événements extrêmes. En particulier, une région du cerveau que l’on appelle circuit mésolimbique et qui contrôle le plaisir est beaucoup plus activée, ce qui fait que vous pouvez ressentir une certaine sensation d’euphorie après une ou deux nuits blanches, être plus motivé·e et plus optimiste : autrement dit, la privation de sommeil a un effet antidépresseur ! Ce qui n’est pas forcément une bonne chose, car vous basez alors vos décisions sur une vision fausse du monde…

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Au-delà de trois nuits blanches, il devient difficile de faire des expériences sérieuses chez l’Homme pour des raisons éthiques évidentes (rappelons que la privation de sommeil est une technique d’interrogatoire encore utilisée par la CIA…). On doit s’en tenir à des anecdotes, comme celle de Randy Gardner, un américain qui détient le record du monde de temps sans dormir pour être resté éveillé pendant 11 jours d’affilée. Il semblerait qu’il s’en soit assez bien sorti, même si certains médecins qui le suivaient ont reporté des problèmes de concentration et de mémoire, et quelques passages de paranoia ou des hallucinations. Rien de bien grave quoi.

Comme souvent quand on ne peut pas faire d’expériences chez l’Homme, on se tourne vers les animaux, et en particulier le rat. Des rats maintenus éveillés 24h/24 ont développé des lésions sur la peau, leur température corporelle a augmenté, ils se sont mis à manger beaucoup plus. Et tous sans exception sont morts en deux-trois semaines maxi, ce qui voudrait dire que la privation de sommeil tue plus vite que la privation de nourriture ! Néanmoins, il se pourrait que ce soit le stress intense imposé aux rats qui les ait tué plutôt que le manque de sommeil.

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Enfin, une maladie humaine appelée insomnie fatale familiale peut nous renseigner sur les conséquences d’une perte totale de sommeil. C’est une maladie hyper rare qui ne touche que 100 personnes dans le monde. Elle commence par des insomnies classiques qui deviennent de plus en plus fortes, puis viennent les hallucinations, une perte de poids importante, une phase de démence, et ça se termine toujours par la mort (on ne sait pas guérir cette maladie). Quand les premiers symptômes apparaissent, les personnes atteintes n’ont plus qu’un an et demi à vivre en moyenne, même si elles sont en parfaite santé par ailleurs…

Au final, si vous voulez vraiment savoir, vous devriez être capable de rester au moins une dizaine de jours sans dormir du tout, mais le max du max n’est pas certain. Et même si les pertes de mémoire et les hallucinations ne vous font pas peur, c’est pas vraiment la peine d’essayer car vous ne serez jamais capable de vous empêcher de dormir à 100%, à cause de micro-siestes de quelques secondes que vous ferez sans même vous en apercevoir. Plus qu’à trouver un autre moyen que se passer de sommeil pour avoir plus de temps libre…

Sources :

Conséquences sur les fonctions mentales du manque de sommeil :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2656292/
Tableau très complet : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2656292/table/t1-ndt-3-553/
http://www.jneurosci.org/content/31/12/4466.abstract
http://www.journalsleep.org/ViewAbstract.aspx?pid=24085

Conséquences métaboliques du manque de sommeil :

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1991337/

Expérience chez les rats :

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6857280

Revue de la littérature :

http://www.nature.com/nature/journal/v437/n7063/full/nature04285.html

Randy Gardner record du monde :

https://en.wikipedia.org/wiki/Randy_Gardner_%28record_holder%29

Sur la privation de sommeil et la torture :

https://www.psychologytoday.com/blog/dreaming-in-the-digital-age/201412/why-sleep-deprivation-is-torture

Crédits:

Musique :

https://www.jamendo.com/track/582985/rita-s-tune

Sons :

http://www.freesound.org/people/totya/sounds/155668/
http://www.freesound.org/people/toyoto/sounds/93759/
http://www.freesound.org/people/Paul368/sounds/264062/
http://www.freesound.org/people/Npeo/sounds/203121/
http://www.freesound.org/people/aldenroth2/sounds/272030/
http://www.freesound.org/people/toefur/sounds/288941/