Et si vous préférez le texte :
Vous avez un rapport à rendre pour dans 5 jours, mais au lieu de vous mettre à bosser, vous rafraîchissez votre page Facebook pour la 10e fois en 5 minutes, vous regardez les 2000 photos d’une personne que vous n’avez pas vu depuis 10 ans, vous allez vous servir un verre de coca, vous décidez que ça serait bien de nettoyer le frigo au passage, et pourquoi pas la cuisine tant qu’on y est, mais bien sûr il faut aller racheter des sacs poubelles avant, etc, etc. Et la situation dure jusqu’au dernier moment, où vous entrez finalement dans un mode panique et vous mettez à bosser non-stop pendant des heures pour pondre votre rapport. À trois heures du mat, vous terminez crevé·e et avec un rapport bâclé, mais au moins vous avez quelque chose à rendre.
Bref, vous procrastinez. La procrastination consiste à remettre toujours à plus tard une tâche même lorsque l’on sait pertinemment que ça ne pourra qu’agraver la situation. Tout le monde procrastine plus ou moins, mais 15 à 20% des gens procrastinent de façon régulière et le vivent assez mal. Vous faites votre déclaration d’impôts à l’arrache au dernier moment ? Vous risquez des pénalités pour avoir fait des erreurs. Vous remettez à plus tard une visite chez le médecin ? Ça a des conséquences directes sur votre santé. Vous annulez au dernier moment une soirée chez vos potes parce que vous avez un rapport à finir ? Ça affecte vos relations sociales. Mais surtout, le procrastinateur régulier se sent très mal dans sa peau : il rate beaucoup de choses qu’il entreprend dans son vie et passe son temps à faire des choses qui ne sont pas utiles mais pas vraiment amusantes non plus parce qu’il culpabilise de ne pas faire les choses utiles !
À la base, procrastiner peut sembler utile. Il s’agit d’éviter de faire des choses désagréables et de cueillir le jour. Et dans la nature, beaucoup de situations justifient de prendre les plaisirs tout de suite lorsqu’on ne sait pas de quoi sera fait le futur.
Mais est-ce encore vrai dans nos sociétés modernes ? En plus, on est aujourd’hui inondés de stimuli plaisants. Facebook par exemple est un vrai paradis de la procrastination : non seulement c’est rempli de choses amusantes qui vous envoient une décharge de dopamine dans le cerveau à chaque connexion, créant une forme d’addiction, mais en plus vous pouvez n’y passer que quelques secondes (en théorie bien sûr) et donc justifier d’un “rapide” coup d’oeil à Facebook avant de vous mettre à bosser.
Les scientifiques étudiant les procrastinateurs ont montré que les gens qui ont le plus de chances de procrastiner sont les gens les plus impulsifs, parce qu’ils ont moins de contrôle d’eux. Les gens anxieux aussi, parce qu’ils ont peur de rater ce qu’ils ont à faire ou au contraire… peur de trop bien réussir et donc peur que les autres placent des attentes trop élevées en eux. Les gens indécis qui se posent trop de questions ont aussi plus de chances de procrastiner. Des scientifiques ont même tenté d’élaborer une formule qui permet de prédire la probabilité de ne pas procrastiner sur une tâche, et ils sont arrivés à ça :
ce qui veut dire en langage normal que plus vous êtes bon pour réussir une tâche, et plus vous y accordez de la valeur, et plus la deadline est proche, moins vous aurez de chances de procrastiner.
Bon si vous regardez cette vidéo, il y a des chances que vous soyez en train de procrastiner. Je ne peux pas imaginer que vous n’ayez rien de mieux à faire que de regarder une main faire des dessins moches sur Youtube. Voilà donc quelques conseils scientifiques pour moins procrastiner :
1/ tout d’abord, lancez-vous ! Par exemple, dites-vous qu’aujourd’hui, vous allez juste écrire le titre de votre rapport et choisir la police, et c’est tout ! Même si ça n’est rien, ça lance la dynamique et vous allez même peut-être au final en faire plus que ce que vous aviez prévu.
2/ ensuite, transformez le flou en liste d’étapes bien précises. Ne dites pas : je vais me mettre à la musique, dites aujourd’hui à 16h je vais télécharger les partitions de Justin Bieber.
3/ Vous pouvez aussi rendre les deadlines moins lointaines artificiellement. Par exemple, des études ont montré que mettre une deadline au 30 avril plutôt qu’au 1er mai donnait l’impression que la deadline était beaucoup plus proche. Colorier tous les jours jusqu’à la deadline sur votre calendrier marche aussi en liant dans votre esprit le jour présent et la deadline.
Enfin, vous pouvez essayer de tourner la procrastination à votre avantage en faisant ce que l’on appelle de la procrastination structurée. Faites une liste des choses que vous avez à faire, classées par ordre d’importance. Puis mettez tout en haut une chose qui vous semble importante mais ne l’est pas vraiment (c’est se mentir à soi-même, mais si vous êtes un vrai procrastinateur vous êtes bon pour ça de toute façon).
Et c’est tout ce que vous avez à faire ! Le procrastinateur qui sommeille en vous devrait se mettre à effectuer les tâches qu’il croit être moins importantes pour ne pas faire la tâche tout en haut, vous rendant extrêmement productif.
Sources (beaucoup de sources sont à accès payant mais si vous en voulez vraiment une envoyez-moi un email à contact_at_lamainbaladeuse.com , je vous la transmettrai ) :
Une review :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17201571
Un article un peu plus grand public :
http://www.nature.com/scientificamericanmind/journal/v19/n6/full/scientificamericanmind1208-26.html
Excellent témoignage sur un excellent site :
Un blog entièrement consacré à la procrastination par un chercheur renommé :
https://www.psychologytoday.com/blog/dont-delay
Sur la procrastination structurée :
http://www.structuredprocrastination.com
Sur rendre le futur moins loin :
http://pss.sagepub.com/content/26/6/816
http://jcr.oxfordjournals.org/content/41/3/810
Origines évolutionnaires :
http://pss.sagepub.com/content/25/6/1178
Crédits son :
musique : https://www.jamendo.com/track/582985/rita-s-tune
panic : http://www.freesound.org/people/JohnsonBrandEditing/sounds/173942/
bear : http://www.freesound.org/people/mrbubble110/sounds/70333/
clap : http://www.freesound.org/people/mikaelfernstrom/sounds/68698/
Salut, j’écrit un article sur la démotivation et la motivation…
Pourrais-je citer ton article ?
Merci 🙂
Bien sûr !