Comment prendre le contrôle de vos rêves. Les rêves lucides ft Manue Fleytoux – LMB#13

Et pour ceux qui préfèrent le texte :

Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de rêver et d’avoir conscience que vous étiez en train de rêver ? Si oui, vous avez eu ce qu’on appelle un rêve lucide. Peut-être même avez-vous été capable de prendre le contrôle de ce rêve et de décider ce que vous alliez faire dedans, que ce soit voler comme un oiseau ou transformer l’eau en pastis. Et si je vous disais qu’il existe des trucs et astuces pour prendre contrôle de ses rêves plus souvent, ça vous intéresserait ?

Les rêves lucides sont rares mais existent bel et bien : presque tout le monde a eu un rêve lucide au cours de sa vie, souvent en étant enfant, et environ 20% des gens disent avoir des rêves lucides au moins une fois par mois. Avant, on doutait que les rêves lucides aient vraiment lieu pendant le sommeil, on pensait qu’ils avaient lieu dans un état semi-éveillé. Mais les neurosciences ont montré qu’ils ont bien lieu pendant le sommeil, et plus précisément pendant une période qu’on appelle sommeil paradoxal. Pendant cette période, le sommeil est dit “paradoxal” parce que bien que de l’extérieur on a l’air de dormir profondément, le cerveau paraît bien éveillé quand on enregistre son activité.

Au début, pour étudier les rêves lucides, on enregistrait donc l’activité cérébrale des gens pendant leur sommeil et on leur demandait juste après le réveil s’ils avaient eu un rêve lucide. Cette méthode était un peu subjective. L’idéal serait que les dormeurs puissent signaler qu’ils entrent dans un rêve lucide au moment même où ils y entrent, mais on ne peut pas leur demander de faire un mouvement pour le signaler parce que pendant le sommeil paradoxal, les muscles ne répondent plus aux ordres. Par contre, on peut toujours bouger les yeux : on a donc eu l’idée de demander aux gens de bouger leurs yeux pour indiquer quand ils entrent dans un rêve lucide. En quelque sorte, les dormeurs se servent de leurs yeux pour envoyer un message vers l’extérieur. C’est une méthode aussi utilisée avec d’autres personnes enfermées dans leur propre corps comme les personnes dans le coma.

Toutes ces expériences de neurosciences ont permis de montrer que pendant un rêve lucide, les zones du cerveau qui nous servent en temps normal à garder le contrôle de soi ou la conscience de soi sont plus activées que pendant un rêve normal, ce qui pourrait expliquer pourquoi on arrive à prendre le contrôle dans un rêve lucide mais pas dans un rêve normal.

On n’a aucune idée d’à quoi servent les rêves lucides, ou même pourquoi tous les rêves ne sont pas lucides. On n’est pas bien sûrs non plus de savoir à quoi servent les rêves normaux. Mais quoi qu’il en soit, on pense de plus en plus que le rêve lucide ne serait pas un état intermédiaire entre le rêve et l’éveil mais bien un état tiers partageant des caractéristiques du rêve et de l’éveil. Et on a même trouvé une utilité concrète aux rêves lucides : on s’en sert pour soigner ceux qui ont des cauchemars récurrents, en les entraînant à prendre le contrôle de leurs cauchemars pour en changer le scénario.

Et justement, en parlant de prendre le contrôle, si vous n’avez jamais fait de rêves lucides et que vous voulez essayer, ou si vous en avez déjà fait mais que vous voulez en faire plus, c’est possible ! Il y a plusieurs moyens pour ça. D’abord, dormez suffisamment, pour être sûr d’avoir assez de sommeil paradoxal. Les périodes de sommeil paradoxal rallongent en proportion au cours de la nuit, donc plus vous dormez longtemps, plus vous avez de sommeil paradoxal. C’est d’ailleurs pourquoi on a souvent l’impression de rêver plus le week-end ou en vacances. Ensuite, commencez tout simplement par essayer de vous souvenir de vos rêves le matin au réveil. Dans la journée, vous pouvez utiliser la technique du “pince moi que je sois sûr que je ne suis pas en train de rêver”, sauf que vous ne vous pincez pas, mais vous essayez de lire un texte, parce qu’on a remarqué que souvent, les gens sont incapables de lire des textes dans leurs rêves, quand ils essayent ils ne voient que des symboles bizarres qui ne veulent rien dire. Donc si vous essayez régulièrement de lire un texte dans la vraie vie, à tel point que ça devient une habitude, il y a des chances pour que vous vous mettiez aussi à lire des textes pendant vos rêves. Et si vous faites ça, vous ne devriez pas réussir à lire le texte et vous vous rendrez compte instantanément que vous êtes en train de rêver, basculant dans un rêve lucide. Enfin, des expériences récentes ont montré que des petites stimulations électriques du cerveau à travers le scalp augmentent la chance d’avoir un rêve lucide, mais pas sûr que vous vouliez en arriver là juste pour avoir le pouvoir de transformer l’eau en pastis…

Dessin : Manue Fleytoux
Expert scientifique : Thomas Andrillon, docteur en neurosciences

Sources :

Sur les rêves lucides comme un état distinct du rêve et du sommeil, et ses corrélats physiologiques : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2737577/
Comment induire des rêves lucides par stimulation électrique (un résumé) : http://www.nature.com/nrn/journal/v15/n7/full/nrn3769.html
La publi originale sur comment induire des rêves lucides : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24816141
Une revue des théories du rêve lucide : http://journals.ub.uni-heidelberg.de/index.php/IJoDR/article/view/17811
Les travaux d’Ursula Voss en général : http://user.uni-frankfurt.de/~voss/homepage/en-engl/publ.html

La formidable histoire du combat de l’Homme contre la variole – LMB #12

Et si vous préférez le texte :

En 1911, le médecin bactériologiste français Marc Armand Ruffer étudie la momie d’un égyptien mort il y a plus de 3000 ans. La momie est recouverte de pustules, qui ont très probablement été causées par la variole, un virus mortel qui donne la fièvre, des frissons, et des boutons rouges qui se transforment en pustules. Ces pustules momifiées sont les premiers dégâts historiques de la variole sur l’Homme, mais certainement pas les derniers, la variole étant une des maladies les plus mortelles dans toute l’histoire de l’humanité. Rien qu’au 18e siècle, on estime que 500 000 personnes mouraient de la variole chaque année en Europe. La riposte humaine commence en l’an 900 : des médecins chinois découvrent qu’en frottant le bras de personnes saines avec les croûtes des pustules de personnes malades, sympa le traitement, les chances de mourir de variole diminuent. Mais c’est au 18e siècle que les choses s’accélèrent. En 1796, une rumeur circule dans le sud de l’Angleterre : les laitières du coin seraient immunisées contre la variole, alors même qu’elles développent des pustules sur leur corps. Ces rumeurs piquent la curiosité d’un médecin, Edward Jenner, qui décide de prendre du pus de la main d’une laitière et de l’injecter dans le bras d’un jeune garçon de 8 ans. De mieux en mieux les médecins. Le garçon développe lui-même des pustules mais lorsque le médecin lui inocule la variole quelques jours plus tard, il ne tombe pas malade. Le garçon semble immunisé.

Jenner comprend que la laitière était en fait contaminée non pas par la variole humaine mais par la variole de la vache, une variante de la variole humaine. Et non seulement la variole de la vache n’est pas dangereuse pour l’Homme, mais elle procure en plus une immunité contre la variole humaine. Ainsi la rumeur était vraie : les laitières anglaises étaient bien immunisées contre la variole humaine, et Jenner venait de découvrir le principe de la vaccination, qui tire son nom de la vaccine… qui n’est elle-même rien d’autre que le nom scientifique de la variole de la vache !

Un problème se pose rapidement au 18e siècle : comment vacciner les personnes vivant dans les colonies où la variole fait rage, alors même que la variole de la vache n’existe pas hors d’Europe et qu’on ne peut donc pas s’en servir comme vaccin ? En 1803, le roi Charles d’Espagne a recourt à une solution radicale : il fait embarquer 22 orphelins sur un bateau et vaccine le premier. Comme prévu, celui-ci développe quelques jours plus tard des pustules, et avant qu’elles ne se transforment en croûtes, on utilise leur pus pour infecter un 2e orphelin, et ainsi de suite. Une chaîne de vaccination se forme ainsi, ce qui permet au bateau de pouvoir approvisionner à chaque escale les populations locales en variole de la vache. A-t-on demandé leur avis aux orphelins, l’histoire ne le dit pas.

En 1965, l’OMS accélére encore les efforts de l’humanité pour se débarrasser de la variole en lançant une grande campagne, qui vise à identifier et vacciner rapidement les foyers de variole avec un nouveau vaccin, plus facile à utiliser, et moins dégueulasse, c’est à dire sans aucun transfert de pus. 12 ans plus tard, ces efforts sont couronnés de succès : le dernier cas de variole humaine est enregistré en 1977, faisant de la variole le premier (et le seul à ce jour) virus humain que l’Homme ait réussi à éradiquer dans toute son histoire.

Mais ça ne voulait pas dire que le virus avait disparu de la surface de la Terre pour autant. Il était encore présent dans tous les laboratoires qui l’avaient étudié jusque là. Se posa donc la question de savoir quoi faire de ces stocks de variole : les détruire, ou les garder pour continuer à étudier le virus au cas où. L’OMS choisit une solution intermédiaire : détruire tous les stocks de virus sauf ceux de deux laboratoires dans le monde, un aux États-Unis, et un en URSS. La peur que le virus n’ait pas été complétement éradiqué justifiait pour certains qu’on continue à l’étudier dans ces deux laboratoires. Et ces craintes n’étaient pas complètement injustifiées ! En 2014, des chercheurs qui déménageaient leur labo sont tombés sur un vieux carton abandonné. À l’intérieur, des fioles qui contenaient… vous avez deviné, le virus de la variole, passé au travers des mailles du filet de l’OMS depuis plus de 40 ans. La variole n’a peut-être pas dit son dernier mot dans son combat millénaire contre l’espèce humaine…

 

Sources :

Sur l’histoire en général de la vaccination par la variole :
Sur l’expédition de Charles d’Espagne :
Là où j’ai (re)découvert ces histoires :

Musique : Rita’s tune par Pepe Frias

Crédits son :

Le foot, ce jeu de hasard – LMB #11

Et si vous préférez le texte :

Imaginons un match de foot entre la France et le pays de Galles. Imaginons qu’en moyenne, la France marque deux fois plus souvent que le pays de Galles. Ça veut dire que si un seul but est marqué dans tout le match, il y a 2 chances sur 3 pour que ce soit la France qui l’ait marqué et 1 chance sur 3 pour que ce soit le pays de Galles qui l’ait marqué. Autrement dit, le pays de Galles, qui est une équipe deux fois plus faible si on se réfère au nombre de buts marqués, a quand même 33% de chances de gagner sur le score de 1-0 ! Imaginons maintenant que trois buts soient marqués au total dans le match et que l’on sache que c’est le pays de Galles qui a gagné. Si trois buts ont été marqués, cela veut dire que le Pays de Galles a gagné 3-0 ou 2-1. S’il a gagné 3-0 c’est que le premier but a été gallois, le 2e aussi, et le 3e aussi. À chaque but, il y avait une probabilité de 1/3 pour que le but soit gallois, donc la probabilité du score 3-0 est de 1/3 x 1/3 x 1/3 = 1/27. On peut montrer de la même façon que la probabilité de gagner sur le score de 2-1 pour le pays de Galles est de 6/27. Au final, la probabilité pour le pays de Galles de gagner contre la France si trois buts sont marqués, que le score soit de 2-1 ou de 3-0, est de 1/27 + 6/27 = 7/27, soit 26%. 26% de chances de gagner, c’est moins que les 33% de chances de gagner si un seul but est marqué dans tout le match. C’est à dire que la probabilité de gagner pour l’équipe la plus faible a diminué rien que parce que le nombre de buts a augmenté. Et on pourrait recommencer le même raisonnement pour montrer que plus le nombre de buts marqués par match est grand, plus la probabilité de gagner pour les équipes faibles diminue. Par exemple, si 9 buts devaient être marqués dans un match, le pays de Galles n’aurait plus que 15% de chances d’avoir gagné.

Ce que ces calculs montrent, c’est que moins il y a de buts marqués dans un sport, plus les équipes faibles ont leur chance de gagner. C’est complètement intuitif : si un but contre son camp est marqué au foot, alors qu’il n’y a que trois buts de marqués par match en moyenne, alors ce but aura beaucoup plus d’importance dans le résultat final que si un but contre son camp est marqué au handball où il y a des dizaines de buts par match. Parce qu’il y a très peu de buts au foot, c’est un sport qui est fortement soumis au hasard et à la chance.

Et si les matchs de foot sont hasardeux, cela veut dire que les compétitions le sont aussi ! Dans son livre “La science du football”, Wesson simule un championnat où toutes les équipes ont exactement le même niveau, c’est à dire la même probabilité de gagner un match. Malgré cela, un écart de points considérable existe entre l’équipe qui arrive première et l’équipe qui arrive dernière : 67 points pour la première, 31 pour la dernière ! Tout ça uniquement dû au hasard. Pire que ça, Wesson refait la simulation mais en introduisant une équipe plus forte que toutes les autres. Cette équipe ne finit même pas première mais en deuxième position à cause de ces effets aléatoires. On est même capables de calculer la probabilité qu’une équipe ayant gagné le championnat soit réellement la meilleure à partir des écarts de points avec ses concurrentes. En 1993 par exemple, Manchester United gagne le championnat anglais avec 10 points d’avance sur le 2e, Aston Villa. En foot, 10 points d’avance on considère ça comme un gros écart, et on dira que Manchester a bien mérité son titre. Pourtant, la probabilité qu’elle fut la meilleure équipe cette année-là était de seulement 68%. On comprend un peu mieux pourquoi ce nombre quand on sait que l’issue de 28 des 42 matchs qu’elle a joués cette saison aurait pu être changée par un seul but… Pour être sûr qu’une équipe est vraiment au-dessus du lot, il faut regarder ses résultats sur plusieurs saisons, et cette fois-ci, avec 7 championnats gagnés dans les 9 années qui ont suivi, la probabilité que Manchester United était la meilleure équipe sur cette période passe à 99,99%.

Le foot est donc un sport où le hasard joue un rôle important parce que très peu de buts y sont marqués. Ça serait facile d’y remédier, il suffirait d’agrandir les buts. C’est possible en théorie, on a déjà changé les règles du foot par le passé, par exemple dans les années 90 on a interdit aux gardiens de récupérer à la main une passe d’un de leurs coéquipiers parce qu’on trouvait le jeu trop défensif. Mais certains diront que le hasard dans le foot est un point positif, et que c’est précisément l’incertitude qui règne dans ce sport qui fait qu’il est agréable à regarder, et que des petites équipes peuvent battre des grosses. C’est sûrement vrai, et quand on voit la popularité actuelle du foot, on comprend que beaucoup ne voudront pas toucher à ses règles. En attendant, on continuera à voir des équipes méritantes se faire battre par d’autres qui ne l’ont pas mérité, et des compétitions où on ne sera jamais sûrs que l’équipe qui a gagné était vraiment la meilleure.

SOURCES :

Le livre de Wesson sur la science du foot : https://www.amazon.fr/science-du-football-John-Wesson/dp/2701136008

Combien d’ami·e·s pourriez-vous avoir au maximum ? Le nombre de Dunbar – LMB #10

Et si vous préférez le texte :

En 1992, l’anthropologue Robin Dunbar remarque que différentes espèces de primates forment des groupes de taille différente dans la nature. Il se demande si la taille de ces groupes est plutôt déterminée par l’abondance de nourriture dans l’environnement ou par des facteurs génétiques. Pour chaque espèce, il calcule un indicateur qu’on appelle le rapport du néocortex : c’est le rapport entre la taille du néocortex, une région particulière du cerveau, et le reste du cerveau. Il remarque que quand on place ce rapport du néocortex sur un axe, et sur un autre axe la taille des groupes, les points sont très bien alignés : plus une espèce a un rapport du néocortex grand, plus elle vit dans un grand groupe.

Dunbar regarde ensuite où l’Homme se situe sur cette figure. L’Homme a un rapport du néocortex exceptionnellement grand chez les primates, égal à environ 4. En plaçant cette valeur sur le graphique, on peut connaître la taille de groupe maximal pour l’Homme : 148, que l’on arrondit souvent à 150. Cette limite de 150, c’est le nombre de Dunbar, le nombre maximal de personnes avec qui vous pouvez maintenir des relations sociales stables. Par relations sociales stables on n’entend pas des personnes que vous avez croisées une fois en soirée et que vous avez ajoutées sur Facebook, ni des ami·e·s de lycée que vous n’avez pas revu·e·s depuis des années. On parle de personnes que vous fréquentez encore régulièrement, et dont vous savez quelles relations elles entretiennent avec tous vos autres ami·e·s. Si Dunbar a raison, vous ne pouvez pas avoir plus de 150 telles relations, peut-être 200 pour faire large, mais quoi qu’il en soit l’idée c’est que vous ne pouvez pas cumuler les ami·e·s à l’infini : il existe une limite cérébrale à cela.

En cherchant un peu, on trouve pas mal d’exemples du nombre de Dunbar : les villages de sociétés traditionnelles comprennent en moyenne 100 à 200 personnes ; en entreprise, une règle informelle semble fixer à 150 la taille limite des groupes pour les échanges efficaces d’information ; dans l’armée, les romains regroupaient leurs soldats en unités tactiques de 120 hommes environ, et de nos jours encore une compagnie comprend généralement entre 100 et 200 soldats.

Dunbar précise que normalement, cette limite est surtout valide pour les groupes qui ont vraiment intérêt à rester ensemble, comme dans l’armée ou les sociétés traditionnelles. Mais on a aussi cherché le nombre de Dunbar sur les réseaux sociaux : sur Facebook, le nombre médian d’amis est d’environ 200, et même les personnes qui ont des milliers d’amis n’interagissent régulièrement qu’avec un petit nombre d’entre eux. Sur Twitter, une étude a montré qu’au-delà de 150 à 200 abonnements, on ne peut plus continuer à avoir de nouvelles relations de qualité sans pour autant négliger ses anciennes relations, sans se mettre à répondre moins souvent aux tweets par exemple.

De façon plus générale, le nombre de Dunbar est intéressant parce qu’il nous rappelle que bien qu’on vive maintenant dans des villes de millions d’habitants, on a gardé une psychologie de primates adaptée à la vie en petits groupes. C’est même une question de recherche actuelle de savoir dans quelle mesure certains troubles sociaux ou psychologiques modernes peuvent être dûs à notre psychologie inadaptée pour la vie en grands groupes. Peut-être que toute bonne utopie sociale devrait commencer par s’intéresser à la taille des sociétés qu’elle propose.

Sources :

Les publis de Dunbar originelles :
Sur la taille des groupes dans les entreprises : http://www.jstor.org/stable/2088193?seq=1#page_scan_tab_contents

L’éthologie des animaux du Roi Lion – LMB #9

Et si vous préférez le texte :

Dans le Roi Lion, Shenzi, benzai et Ed sont trois hyènes, présentées comme des animaux stupides et charognards. Dans la vraie vie pourtant, les hyènes sont très intelligentes et forment des groupes avec une hiérarchie sociale complexe un peu comme celle des primates. Contrairement aux lions, ce sont les femelles qui dominent chez les hyènes. Les hyènes femelles ont des taux d’hormone masculine très élevées dans leur sang, ce qui les rend plus lourdes et plus agressives que les mâles. Les hyènes sont aussi d’excellentes chasseuses, elles chassent jusqu’à 95% des proies qu’elles mangent, et volent moins souvent leurs proies aux lions que l’inverse. Par contre c’est vrai que ce sont de grosses mangeuses, elles dévorent tout jusqu’aux os et aux cornes des antilopes, et peuvent manger un tiers de leur poids en un repas, c’est un peu comme si nous on mangeait une dizaine de poulets en un seul repas. Et quant au rire des hyènes, très présent dans le film, il existe bien mais ressemble plutôt à ça en vrai. Il est émis quand les hyènes sont stressées, par exemple quand elles sont attaquées ou qu’elles sont en train de manger une proie.

Pumba est ce gros phacochère que tout le monde aime bien. Sa bonne gueule lui vient de sa crête de punk, ses défenses en moustache, et ses bonnes vieilles joues de hamster. Sauf que ce ne sont pas des joues. Ce ne sont pas non plus des verrues, même si en anglais phacochère se dit “cochon à verrue” précisément à cause de ces bosses. Ces bosses que vous voyez sont en fait des excroissances, qui ressemblent à ça dans la vraie vie. Elles servent probablement de protection dans les combats entre mâles, et peut-être aussi d’ornement pour séduire les femelles, un peu comme les plumes du paon.

Le grand copain de Pumba est Timon, un suricate un peu je-sais-tout qui n’hésite pas à donner des leçons aux autres. Ce qui est marrant, c’est que depuis que le film est sorti on a pu montrer que dans la nature les suricates aiment aussi enseigner, et il y a très peu d’espèces où on a pu montrer un tel comportement. En l’ocurrence, il s’agit d’apprendre à chasser : les suricates aiment bien se nourrir de scorpion, mais les scorpions peuvent être dangereux à attraper et manipuler. Donc quand les jeunes viennent de naître, les adultes leur donnent des scorpions qu’ils ont tués à l’avance, mais plus les jeunes grandissent plus ils leur donnent des scorpions vivants, un peu comme si les adultes poussaient les jeunes à apprendre à se débrouiller. Non seulement ça, mais quand les jeunes viennent de naître, les adultes passent aussi plus de temps à surveiller ce qu’ils vont faire avec le scorpion, et vont attirer leur attention dessus en lui donnant des petits coups de patte. Et ça c’est intéressant parce qu’il est très dur de prouver que les animaux sont capables d’enseigner des choses comme les humains peuvent le faire.

Zazu, le conseiller du roi est un calao. Les calaos possèdent une méthode de reproduction très particulière. Au moment de faire son nid, la femelle entre dans une cavité et s’y enferme complètement en rebouchant l’entrée avec de la boue et des excréments. Elle ne laisse qu’un petit trou qui permet au mâle de lui passer de la nourriture. C’est donc le mâle qui va nourrir la femelle et les petits pendant plusieurs semaines, et c’est tant mieux parce que pendant ce temps-là dans l’obscurité, la femelle a mué et perdu toutes ses plumes de vol en même temps, ce qui fait qu’elle ne peut plus voler. C’est un comportement assez rare chez les oiseaux, les plumes repoussent quand même au bout d’un moment, et c’est à ce moment-là que la femelle choisit en général de sortir de son nid, en refermant parfois le nid derrière elle pour continuer à élever ses petits à l’abri des prédateurs ou d’autres calaos.

Enfin, Rafiki est le babouin grand sage du film. Il est présenté comme un babouin, mais avec ces couleurs sur le visage, ça serait plutôt un mandrill. Les primates possèdent des visages aux couleurs très variées comparés aux autres mammifères, mais certaines espèces ont des visages très colorés, comme le mandrill ou le moustac, et d’autres pas du tout, comme le chimpanzé ou le talapoin. Des chercheurs se sont donc demandés ce qui pouvaient expliquer ces variations de couleurs, à quoi servent les couleurs sur les visages des primates. Ils se sont rendus compte que plus une espèce vivait dans un grand groupe, plus elle avait de couleurs sur le visage. Par exemple les babouins vivent en groupes de 50 individus environ et sont très peu colorés, tandis que les mandrills vivent plutôt dans des groupes de 500-600 individus et sont très colorés. L’hypothèse serait donc que les couleurs sur les visages permettent de produire des visages plus différents les uns des autres, et permet de mieux faire la différence entre individus dans des groupes où cela est très utile parce qu’on interagit avec beaucoup de monde.

Sources :

hyènes :
Trois supers articles de blog avec d’autres réfs au bout :
un billet très drôle sur les comportements des hyènes : https://scienceabilly.com/les-articles-scientifiques/sommes-nous-des-hyenes-tachetees/
Une FAQ d’un centre de recherche : http://www.hyaenidae.org/hyaena-faq.html
Calaos :

Crédits :

De la physique au petit-déjeuner – LMB #8

Et si vous préférez le texte :

Si vous buvez du thé au ptit déj, ne gâchez pas votre sachet en le trempant dans un verre d’eau chaude. À la place, découpez-le pour qu’il soit ouvert aux deux extrémités, virez le thé, et formez un joli tube. Vous n’avez plus qu’à allumer… Prêts ? 3, 2, 1, décollez. Le sachet décolle jusqu’à 2m de haut, propulsé par l’air chaud à l’intérieur du tube, qui monte car il est moins dense que l’air froid à l’extérieur.

Faites aussi durer la souffrance de votre dernière céréale qui attend d’être mangée au fond de votre bol. Prenez un aimant assez fort, approchez-le de la céréale, et amusez-vous à la déplacer à distance. Par ici, par là, par ici. Pas de magie derrière ce phénomène, mais simplement des céréales qui sont souvent enrichies en fer pour votre santé. C’est d’ailleurs marqué sur les paquets, et si vous mangez comme moi non pas la portion ridicule de 30g affichée mais un quart du paquet chaque jour, cela couvre 84% des apports journaliers recommandés. Vous pourriez même réussir à extraire des petites brindilles de fer si vous réduisez vos céréales en poudre, que vous les laissez tremper un moment, et que vous utilisez un très bon aimant.

Mais peut-être que vous préférez les oeufs au ptit déj. Contrairement à ce que l’on croit, les oeufs peuvent être extrêmement résistants à la pression. La preuve tout de suite : si je prends un oeuf dans ma main et que je sers de toutes mes forces, impossible de le casser. Et non c’est pas parce que j’ai une force de mouche. Même chose si je n’appuie qu’aux extrémités. En fait, la forme de l’oeuf en arche lui donne une très forte résistance tant que la pression est appliquée uniformément, ou qu’elle est appliqée en certains points très résistants. Ce n’est que lorsque vous appliquez une pression à un endroit spécifique, par exemple si je serre l’oeuf avec un anneau, que l’oeuf casse facilement.

Si vous n’avez plus assez faim pour manger votre dernière tartine, vous pouvez vous amuser à essayer de ne PAS la faire tomber du côté beurré. Car ce n’est pas une légende, les tartines tombent bien plus souvent du côté beurré, des études scientifiques l’ont prouvé. Ce n’est pas une question de beurre qui alourdit la tartine, vous pouvez essayer de faire tomber des tartines sans beurre pour vous en rendre compte, elles se retourneront aussi. Les coupables, c’est la hauteur de votre table, et la vitesse de vos mouvements, parce quand vous faites tomber une tartine, la vitesse horizontale qu’elle a quand elle quitte la table lui permet de tourner légèrement sur elle-même pendant sa chute, mais la hauteur d’une table normale n’est pas suffisante pour qu’elle ait le temps de faire un tour complet. La tartine fait donc seulement un demi-tour ce qui correspond à tomber sur le côté beurré. Essayez de faire tomber une tartine depuis une hauteur de 3m, en vous tenant debout sur une table par exemple, ou de faire tomber une tartine en lui donnant une forte vitesse au départ, vous verrez que ça change tout !

Et enfin, si vous ne voulez plus de votre lait, mettez-en un peu dans une assiette, et mettez une goutte de jus de fruit au centre. Je rajoute des colorants pour que vous voyez mieux mais normalement ça marche aussi avec votre jus de cranberry-pamplemousse-gingembre. Puis prenez un coton tige, ajoutez une goutte de liquide vaisselle au bout, et trempez… Magnifique, non ? Ce qui se passe, c’est que le liquide vaisselle perturbe la cohésion entre les molécules du lait au centre, ce qui fait que le liquide à la périphérie va “tirer” le lait vers l’extérieur. En plus de ça, les molécules du liquide vaisselle cherchent à s’attacher aux molécules de graisse contenues dans le lait, tout en étant attachées aux colorants présents en surface, ce qui fait qu’on peut en quelque sorte observer le déplacement des molécules du liquide vaisselle en observant le déplacement des colorants.

Et voilà comment les physiciens ont le pouvoir incroyable d’égayer les petits déjeuners en famille mais se retrouvent à manger un oeuf cassé, des céréales broyés, du lait au liquide vaisselle, et une tartine sale…

Sources :

Vous trouverez plein d’expériences amusantes à faire sur le site de Steve Spangler : http://www.stevespanglerscience.com
thé :
céréales (il faut un aimant fort, et des céréales assez riches en Fer, c’est souvent marqué sur le paquet):
oeuf :
lait coloré (ça marche mieux avec du lait entier) :
tartine beurrée :

http://io9.gizmodo.com/5867322/an-experiment-that-solves-the-worlds-most-important-question-how-to-keep-toast-from-landing-buttered-side-down

Musique : Rita’s tune par Pepe frias

La gueule de bois expliquée par des bouts de bois – LMB #7

Et si vous préférez le texte :

Vous connaissez tous les symptômes de la gueule de bois : mal de tête, fatigue générale, crampes, envie de vomir et bouche sèche. D’ailleurs pour tuer le suspense tout de suite c’est de là que vient l’expression : avoir la gueule de bois c’est avoir la bouche pâteuse et sèche comme du bois. Très intéressant, mais pourquoi tous ces effets si violents et variés sur notre corps, comme si la consommation de quelques vodka pomme était le pire péché du monde ?

En fait, ces effets sont variés parce qu’il y a plein de choses qui entrent en jeu.

D’abord, vous l’aurez sûrement remarqué, l’alcool est un diurétique, c’est à dire qu’il fait pisser. En temps normal, votre cerveau relâche une hormone qui demande à vos reins de ne pas produire trop d’urine. L’alcool bloque la production de cette hormone, donc plus d’urine est produite, et avec elle s’en vont sodium, potassium et divers sels minéraux, ce qui ne plaît pas trop à vos muscles et à vos nerfs. Plus de production d’urine veut aussi dire déshydratation, ce qui explique les maux de tête, la bouche pâteuse, les crampes, et pourquoi dans l’ensemble votre corps n’est pas très content.

Ensuite, quand vous buvez de l’alcool, le foie se charge normalement de le transformer en acétate, un composé non toxique. Le problème, c’est que pour arriver à ce composé il faut passer par un autre composé, l’acétaldéhyde, qui lui est extrêmement toxique, 10 à 30 fois plus que l’alcool. Tant que vous buvez un peu tout va bien, mais dès que vous commencez à enchaîner les shots vos enzymes n’arrivent plus à suivre et l’acétaldéhyde s’accumule, pour finir par intoxifier tout votre corps. D’ailleurs vous avez sûrement entendu dire que les asiatiques ne tiennent pas l’alcool, et bien pour une fois ce n’est pas un vieux cliché raciste, mais simplement que beaucoup d’asiatiques ont une enzyme pas très performante pour transformer l’acétaldéhyde en composés non toxiques.

Enfin, on pense que dans les alcools qui ont maturé longtemps comme le vin et le cognac se trouvent des composés qui donnent leur goût et leur couleur à ces alcools mais sont aussi toxiques consommés en grandes quantités, et peuvent provoquer des irritations de l’estomac et des nausées. On ne sait pas exactement comment agissent ces composés, mais les alcools qui en contiennent beaucoup sont en général de couleur foncée.

Et puis comme j’avais pas envie de finir cette vidéo sur un conseil nul du genre “pour éviter la gueule de bois, le mieux c’est de ne pas boire”, vous serez contents d’apprendre que des scientifiques cherchent à mettre au point un médicament qui aurait les mêmes effets que l’alcool mais sans la gueule de bois, l’idée étant non pas d’en profiter pour se bourrer la gueule au nom de la science, mais de créer un produit qui n’entraînerait pas d’addictions ou aiderait à les guérir. C’est pas encore pour demain mais peut-être qu’un jour vous passerez à la pharmacie et pas au supermarché avant de partir en soirée.

SOURCES :

Articles d’approfondissement “grand public” :
Sur les composés autres que l’éthanol : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20712591
Sur les asiatiques et les enzymes : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1682953/
Sur la production d’acide gastrique : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1374273/

Sons :

musique : Rita’s tune par Pepe frias

Mangerez-vous un jour des virus ? 6 infos virus – LMB #6

Pour ceux qui préfèrent le texte :

Pour vous représenter la taille d’un virus, prenez un grain de sel. Découpez-le en 10 tranches. Prenez une de ces tranches, découpez-la en 10 nouvelles tranches. Prenez une de ces tranches et découpez-la encore. Vous avez maintenant à peu près la taille d’un virus.

Vous-même en ce moment avez dans votre génome de l’ADN de virus, qui vient de virus ayant infecté vos ancêtres il y a des milliers ou des centaines de milliers d’années. En général, cet ADN n’est pas actif, c’est à dire qu’il n’a aucun effet sur votre corps et qu’il n’est pas dangereux du tout, mais des chercheurs sont parvenus à recréer un virus vivant à partir de ces morceaux d’ADN humain, ce qui montre bien ses origines virales.

Un des virus les plus connus est le virus du SIDA. Mais savez-vous que c’est un virus qui infectait les chimpanzés à la base ? Alors que certains virus comme celui du rhume s’attaquent à l’Homme depuis des milliers d’années, le VIH sous sa forme actuelle est apparu tout récemment, au début du XXe siècle. Il est probablement passé du chimpanzé à l’Homme par l’intermédiaire d’un chasseur ayant mangé de la viande de chimpanzé, puis il s’est répandu dans le monde entier pendant tout le XXe siècle, sans que personne ne le sache. Ce n’est que dans les années 80 que les chercheurs ont découvert son existence.

Un autre virus célèbre est le papillomavirus, qui cause des cancers de l’utérus chez la femme. Mais ce virus utilise aussi son pouvoir cancérigène chez le lapin, avec un résultat incroyable, celui de créer des lapins à corne. Ces cornes sont en fait des tumeurs, des cellules ayant mal tourné après avoir été infectées par le virus. Le papillomavirus peut aussi créer des verrues, un cas extrême étant celui de cet indonésien qui devait se faire opérer régulièrement pour enlever les kilos de verrues qui lui poussaient dessus.

Mais même s’ils ont mauvaise réputation, beaucoup de virus sont inoffensifs pour l’Homme, et certains ne tuent que des bactéries. Dans la mer par exemple, il y aurait près de 100 milliards de virus dans chaque litre d’eau, et ils tueraient chaque jour entre 15 et 40 % de toutes les bactéries des océans, ce qui représente des milliers de tonnes de bactéries. Et comme certaines bactéries absorbent et relâchent du dioxyde de carbone, ça veut dire que les virus tueurs de bactéries peuvent influencer indirectement le climat de la planète.

Et les virus sont tellement bons pour tuer des bactéries que des gens envisagent même de créer des médicaments à base de virus. Des recherches ont déjà eu lieu là-dessus et avec la diminution de l’efficacité des antibiotiques, elles pourraient encore se développer dans le futur. Un jour, peut-être, les médecins vous donneront des virus à manger pour guérir de maladies.

Toutes les infos que vous venez d’entendre sont extraites du livre de Carl Zimmer, Planète de virus, qui vient de paraître chez Belin. Je vous le recommande, c’est un livre pas trop gros, facile à lire, et très intéressant. Je mets un lien dans la description pour ceux qui sont intéressés et comme d’habitude n’hésitez pas à vous abonner ou regarder la vidéo précédente. À bientôt !

Sources :

Le livre bien sûr (avec plein de réfs dedans déjà) : http://www.editions-belin.com/ewb_pages/f/fiche-article-planete-de-virus-27506.php
Et sinon :
Sur l’adn de virus chez l’Homme : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18818874
Sur les virus comme médicaments : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24384811

Musique :

https://www.jamendo.com/track/582985/rita-s-tune

Sons :

Rester assis toute la journée est-il plus dangereux que fumer ? – LMB #5

Pour ceux qui préfèrent l’écrit :

De plus en plus d’études montrent que rester assis toute la journée est dangereux pour la santé, peut créer des problèmes d’obésité, du diabète, des maladies cardiovasculaires ou même des cancers. Les gens qui passent plus de trois heures par jour à ne rien faire ont 64% de chances en plus de développer des maladies cardiovasculaires que les gens qui passent moins d’une heure et demi par jour assis. Les femmes qui restent assises plus de six heures par jour ont 37% de chances de mourir en plus dans une période donnée que celles qui restent assises moins de trois heures par jour. Une étude menée sur 9000 australiens pendant 6 ans a même conclu que chaque heure de télé quotidienne en plus augmentait le risque de mourir dans cette période de 11%.

Ces chiffres sont assez flippants surtout qu’en réalité on passe souvent plus de six heures par jour à ne rien faire : si vous allez au boulot en métro ou en voiture, que vous travaillez dans un bureau, et que vous regardez la télé pour vous détendre le soir, vous êtes probablement plus proche des 12h d’inactivité que des six.

Dans le détail, rester assis trop longtemps relâche vos muscles, ce qui ralentit tout le métabolisme de votre corps. Vous consommez 3 à 4 fois moins de calories quand vous êtes assis par rapport à quand vous marchez, et vous êtes moins bon pour faire sortir le glucose de votre sang. Après plusieurs jours d’inactivité, votre corps sécrète aussi plus de mauvais cholestérol et votre pression artérielle commence à augmenter. Comme ces effets sont très rapides, cela veut dire que les problèmes de santé qui surviennent quand on est trop souvent assis ne passent pas par une prise de poids. Les personnes maigres aussi devraient se préoccuper du temps qu’elles passent assis.

Mais ce qui est encore plus incroyable, c’est que même faire une heure de sport par jour n’est pas suffisant pour annuler les effets négatifs du temps passé assis. De la même façon que boire un verre d’eau en vous levant ne vous autorise pas à boire de l’alcool tout le reste de la journée, faire une heure de sport par jour ne compense pas une journée d’inactivité totale. Faire du sport aura toujours des effets bénéfiques, mais rester assis trop longtemps n’est pas le même problème que ne pas faire assez de sport.

Pour remédier à ces problèmes, certaines personnes travaillent debout en surélevant leur ordinateur, et d’autres installent carrément un tapis de course devant leur ordinateur pour marcher en même temps qu’elles travaillent. Mais si ça n’est pas possible pour vous, vous avez de la chance car des études montrent qu’il n’y a pas besoin d’être debout en permanence : il faut simplement vous forcer à décoller de votre chaise régulièrement. Certains médecins recommandent de se lever toutes les heures et marcher sur place comme un débile pendant 20 secondes, mais je ne vous en voudrai pas si vous ne faites pas ça au boulot. Par contre, vous pouvez mettre une alarme pour aller vous chercher un verre d’eau toutes les heures, aller voir vos collègues plutôt que de leur envoyer un mail, ou encore vous mettre à fumer pour vous forcer à faire des pauses clope.

Et donc en parlant de cigarette, rester assis toute la journée est-il plus dangereux que fumer ? On manque de comparaisons directes, mais une étude a quand même étudié l’impact de ces deux facteurs sur l’espérance de vie. Elle a trouvé que les gens qui fument plus de 15 cigarettes par jour vivent 10 ans de moins en moyenne que les gens qui ne fument pas. Et elle a aussi trouvé que les gens qui ne bougent quasiment jamais vivent 7 ans de moins en moyenne que ceux qui bougent au moins 4h par semaine. Attention aux petites étiquettes “S’assoir tue” qui débarquent bientôt sur vos cartons de chaise ikéa…

Sources :

Articles scientifiques hardcore :
sur la télé et les australiens : http://circ.ahajournals.org/content/121/3/384.abstract
sur l’espérance de vie en bonne santé, et la comparaison avec le tabagisme : http://sjp.sagepub.com/content/35/5/510.abstract
sur la dépense énergétique de la marche / inactivité : http://bjsm.bmj.com/content/43/2/81.full
sur l’inactivité et la réduction de la glycémie : http://scholarworks.umass.edu/open_access_dissertations/73/
sur le cholestérol et la pression artérielle : http://atvb.ahajournals.org/content/27/12/2650.abstract
sur les effets de se lever de temps en temps : http://care.diabetesjournals.org/content/31/4/661.abstract
Articles un peu plus grand public :

Sons :

klaxon : http://www.freesound.org/people/ceberation/sounds/235506/

Le libre arbitre n’existe pas – LMB #4

Et si vous préférez le texte :

Pour un biologiste, trois choses expliquent vos comportements : vos gènes, votre environnement, et le hasard.

Par exemple, quand vous décidez de vous abonner à une chaîne Youtube de science, c’est parce que l’ensemble des événements qui se sont passés dans votre vie jusqu’à ce moment précis a influencé le fonctionnement de vos neurones, qui sont codés génétiquement mais aussi soumis à certains processus aléatoires.

Oui mais, où est donc le libre arbitre dans tout ça ? Comment rendre compte du fait que quand vous vous abonnez, vous avez l’impression d’avoir fait un choix et que vous auriez pu tout aussi bien décider de ne pas vous abonner ?

Le problème, c’est que si on rajoute quelque part sur notre dessin le libre arbitre, la question est maintenant de savoir qui crée ce libre-arbitre, d’où vient-il ? À moins de postuler l’existence d’un dieu, ou d’une âme séparée du corps, dans une perspective rationnelle on est à nouveau obligés de faire appel aux gènes, à l’environnement ou à l’aléatoire.

En bref, dire que le libre-arbitre existe c’est supposer l’existence d’une chose séparée de tout et qui n’a aucune cause, ce qui n’est pas possible.

Donc forcément le libre-arbitre n’existe pas, ou plus exactement il est probable qu’il ne soit qu’une illusion. Quand vous avez cliqué sur s’abonner, vous n’auriez pas pu ne pas cliquer : vos gènes, votre environnement et le hasard avaient déjà décidé pour vous.

Sources (beaucoup de sources sont à accès payant mais si vous en voulez vraiment une envoyez-moi un email à contact_at_lamainbaladeuse.com , je vous la transmettrai ) :

 

http://homofabulus.com/le-libre-arbitre-nexiste-pas/
www.pnas.org/content/early/2010/02/04/0915161107

Crédits son :

musique : https://www.jamendo.com/track/582985/rita-s-tune