Et si vous préférez le texte :
Dans le Roi Lion, Shenzi, benzai et Ed sont trois hyènes, présentées comme des animaux stupides et charognards. Dans la vraie vie pourtant, les hyènes sont très intelligentes et forment des groupes avec une hiérarchie sociale complexe un peu comme celle des primates. Contrairement aux lions, ce sont les femelles qui dominent chez les hyènes. Les hyènes femelles ont des taux d’hormone masculine très élevées dans leur sang, ce qui les rend plus lourdes et plus agressives que les mâles. Les hyènes sont aussi d’excellentes chasseuses, elles chassent jusqu’à 95% des proies qu’elles mangent, et volent moins souvent leurs proies aux lions que l’inverse. Par contre c’est vrai que ce sont de grosses mangeuses, elles dévorent tout jusqu’aux os et aux cornes des antilopes, et peuvent manger un tiers de leur poids en un repas, c’est un peu comme si nous on mangeait une dizaine de poulets en un seul repas. Et quant au rire des hyènes, très présent dans le film, il existe bien mais ressemble plutôt à ça en vrai. Il est émis quand les hyènes sont stressées, par exemple quand elles sont attaquées ou qu’elles sont en train de manger une proie.
Pumba est ce gros phacochère que tout le monde aime bien. Sa bonne gueule lui vient de sa crête de punk, ses défenses en moustache, et ses bonnes vieilles joues de hamster. Sauf que ce ne sont pas des joues. Ce ne sont pas non plus des verrues, même si en anglais phacochère se dit “cochon à verrue” précisément à cause de ces bosses. Ces bosses que vous voyez sont en fait des excroissances, qui ressemblent à ça dans la vraie vie. Elles servent probablement de protection dans les combats entre mâles, et peut-être aussi d’ornement pour séduire les femelles, un peu comme les plumes du paon.
Le grand copain de Pumba est Timon, un suricate un peu je-sais-tout qui n’hésite pas à donner des leçons aux autres. Ce qui est marrant, c’est que depuis que le film est sorti on a pu montrer que dans la nature les suricates aiment aussi enseigner, et il y a très peu d’espèces où on a pu montrer un tel comportement. En l’ocurrence, il s’agit d’apprendre à chasser : les suricates aiment bien se nourrir de scorpion, mais les scorpions peuvent être dangereux à attraper et manipuler. Donc quand les jeunes viennent de naître, les adultes leur donnent des scorpions qu’ils ont tués à l’avance, mais plus les jeunes grandissent plus ils leur donnent des scorpions vivants, un peu comme si les adultes poussaient les jeunes à apprendre à se débrouiller. Non seulement ça, mais quand les jeunes viennent de naître, les adultes passent aussi plus de temps à surveiller ce qu’ils vont faire avec le scorpion, et vont attirer leur attention dessus en lui donnant des petits coups de patte. Et ça c’est intéressant parce qu’il est très dur de prouver que les animaux sont capables d’enseigner des choses comme les humains peuvent le faire.
Zazu, le conseiller du roi est un calao. Les calaos possèdent une méthode de reproduction très particulière. Au moment de faire son nid, la femelle entre dans une cavité et s’y enferme complètement en rebouchant l’entrée avec de la boue et des excréments. Elle ne laisse qu’un petit trou qui permet au mâle de lui passer de la nourriture. C’est donc le mâle qui va nourrir la femelle et les petits pendant plusieurs semaines, et c’est tant mieux parce que pendant ce temps-là dans l’obscurité, la femelle a mué et perdu toutes ses plumes de vol en même temps, ce qui fait qu’elle ne peut plus voler. C’est un comportement assez rare chez les oiseaux, les plumes repoussent quand même au bout d’un moment, et c’est à ce moment-là que la femelle choisit en général de sortir de son nid, en refermant parfois le nid derrière elle pour continuer à élever ses petits à l’abri des prédateurs ou d’autres calaos.
Enfin, Rafiki est le babouin grand sage du film. Il est présenté comme un babouin, mais avec ces couleurs sur le visage, ça serait plutôt un mandrill. Les primates possèdent des visages aux couleurs très variées comparés aux autres mammifères, mais certaines espèces ont des visages très colorés, comme le mandrill ou le moustac, et d’autres pas du tout, comme le chimpanzé ou le talapoin. Des chercheurs se sont donc demandés ce qui pouvaient expliquer ces variations de couleurs, à quoi servent les couleurs sur les visages des primates. Ils se sont rendus compte que plus une espèce vivait dans un grand groupe, plus elle avait de couleurs sur le visage. Par exemple les babouins vivent en groupes de 50 individus environ et sont très peu colorés, tandis que les mandrills vivent plutôt dans des groupes de 500-600 individus et sont très colorés. L’hypothèse serait donc que les couleurs sur les visages permettent de produire des visages plus différents les uns des autres, et permet de mieux faire la différence entre individus dans des groupes où cela est très utile parce qu’on interagit avec beaucoup de monde.